« Il y a une volonté de répandre la peur » : la communauté LGBT + sous le feu d’agressions
Face aux récents guets-apens homophobes survenus dans la métropole nantaise depuis juin, le centre Nosig paraît d’autant plus important pour sensibiliser à la cause LGBTQIA +. Félix Barbault, l’un des trois coprésidents, pointe un problème de fond au niveau national.
À Nantes, la communauté LGBTQIA + (pour lesbiennes, gays, bisexuels, trans, queers, intersexes et asexuels) est mise à l’honneur au centre Nosig, à deux pas des machines de l’Île. Un point d’information, de discussion et de sensibilisation pour certains, mais aussi un refuge pour d’autres. Car comme ailleurs en France, les victimes de discriminations pour leur orientation sexuelle, quelle qu’elle soit, sont encore trop nombreuses. Jusqu’aux agressions, en témoignent les récents guets-apens sur fond d’homophobie répertoriés dans la métropole ces derniers mois.
Les discriminations LGBT-phobes sont en effet courantes, surtout quand on touche à la masculinité. Dans son rapport sur l’année 2024, SOS homophobie rapportent que 52 % des agressions anti LGBT sont vécues par des hommes cisgenres – nés hommes et qui se sentent comme tel. Il y a une volonté d’intimider, de répandre la peur. Faire passer le message : On ne veut pas que vous existiez. On veut que vous vous cachiez , comprend Félix Barbault, qui insiste toutefois sur une tendance nationale aux agressions, plus que spécifique à Nantes. La réputation de la ville nous précède, mais ce n’est pas pire qu’ailleurs. Ici, on peut compter sur le soutien des institutions. Plusieurs agresseurs ont été interpellés par la police, ça montre qu’il y a une volonté d’aller au bout des choses.
La difficulté de la sexualité cachée
Le problème, c’est que si Nosig est connu d’une bonne partie de la communauté LGBT nantaise, les personnes qui vivent leur sexualité cachée, sans avoir fait de coming out, le font souvent bien loin des lieux fréquentés par celles l’ont fait. Il y a des lieux de rencontre plus discrets que d’autres, mais ces personnes ne veulent pas qu’on les associe à la communauté , explique le coprésident.
Dans le cas des récents guets-apens, c’est visiblement ce qui a poussé les victimes à donner rendez-vous à leur agresseur dans des parcs, à l’abri des regards. Pour être sûr de ne pas être repérées, elles ne veulent pas montrer leur visage avant la rencontre. Donc elles ne vont pas insister pour que leur interlocuteur le fasse et multiplient les risques d’avoir affaire à un usurpateur d’identité.
Un événement national à Nantes ce week-end
Pour les limiter, il encourage à prendre différentes précautions. Notamment avec l’échange de courtes vidéos de son visage ou l’appel visio au préalable, même si je sais que c’est compliqué pour certains . Mais aussi proposer de se retrouver dans un lieu public avant l’acte pour prendre la température, prévenir un proche même si, là aussi, tout dépend de la situation personnelle, ou encore se munir d’un sifflet ou d’une alarme en cas d’agression.
Face à la hausse de la désinformation et des discours de haine sur les réseaux sociaux et dans certains médias orientés, la difficulté reste de passer le message aux personnes qui ne suivent pas nos actions , pointe Félix Barbault. Ces samedi 30 et dimanche 31 août, Nantes accueillera les rencontres de la Fédération LGBTI +, qui regroupe plus de vingt associations en France. L’occasion d’en apprendre plus autour de conférences et ateliers au salon du Mauduit. Réservations sur le compte Instagram de Nosig, @nosig_nantes.
Presse Océan - Noé Guitton - 25/08/2025 19h16